Asggas a meggaz.
Happy Berber new year.
Bonne et heureuse année Berbère.
Selon Wilkipedia.
Yennayer est le premier jour de l'an du calendrier agraire utilisé depuis l'antiquité par les Berbères à travers l'Afrique du nord. Il correspond au premier jour de janvier du Calendrier julien, qui aujourd'hui est décalé de 13 jours par rapport au Calendrier grégorien,
soit le 14 janvier de chaque année. Suite probablement à une erreur des
premières associations culturelles qui ont prôné le retour à cette fête
traditionnelle, menacée de disparition, l'opinion que la date
traditionnelle est le 12 janvier est très répandue -surtout en Algérie.
Imensi umenzu n yennayer (le dîner du 1er jour de janvier)[modifier]
Le repas, préparé pour la circonstance, est assez copieux et
différent du quotidien. Les rites sont effectuées d’une façon
symbolique. Ils sont destinés à écarter la famine, augurer l’avenir,
consacrer le changement et accueillir chaleureusement les forces
invisibles auxquelles croyait le berbère. Pour la préparation de
« imensi n yennayer », le Kabyle utilise la viande de la bête sacrifiée (asfel), souvent de la volaille, mélangée parfois à la viande séchée (acedluh)
pour agrémenter le couscous, élément fondamental de l’art culinaire
berbère. Le plus aisé affichent sa différence. Il sacrifie une volaille
par membre de la famille. Le coq est pour l’homme (sexe masculin) et la
poule pour la femme (sexe féminin). Un coq et une poule sont attribués à
la femme enceinte dont l’espoir qu’elle n’accouche pas d’une fille qui
était hélas souvent mal accueillie au sein du système patriarcal de
certaines tribus.
En revanche, le premier yennayer suivant la naissance d’un garçon
était d’une grande importance. Le père effectue la première coupe de
cheveux au nouveau né et marque l’événement par l’achat d’une tête de
bœuf. Ce rite augure de l’enfant le futur responsable du village. il est
répété lors de la première sortie du garçon au marché. Il est
transposé, dans les mêmes conditions, à la fête musulmane chiite de
l’achoura, dans certaines localités berbérophones.
« Imensi n yennayer » se poursuit tard dans la nuit et la satiété est
de rigueur. C’est même désobligeant pour la maîtresse de la maison (tamgart n wexxam)
de ne pas se rassasier. Il est aussi un repas de communion. Il se prend
en famille. On réserve la part des filles mariées absentes à la fête.
On dispose autour du plat commun des cuillères pour signaler leur
présence. À travers les génies gardiens, les forces invisibles
participent au festin par des petites quantités déposées aux endroits
précis, le seuil de la porte, le moulin de pierre aux grains, le pied du
tronc du vieux olivier, etc. et la place du métier à tisser qui doit
être impérativement enlevé à l’arrivée de yennayer. Sinon les forces
invisibles risqueraient de s’emmêler dans les fils et se fâcheraient. Ce
qui est mauvais pour les présages.
Pour le Kabyle « amenzu n yennayer »
détermine la fin des labours et marque le milieu du cycle humide. Les
aliments utilisés durant ce mois sont les mêmes que ceux de la période
des labours. La nourriture prise est bouillie, cuite à la vapeur ou
levée. Les aliments augmentant de volume à la cuisson sont de bonne
augure. La récolte présagée sera d’une grande quantité. Les différentes
sortes de couscous, de crêpes, de bouillies, etc., et les légumes secs
les agrémentant apparaissent. Les desserts servis seront les fruits secs
(figues sèches, abricots secs, noix, etc.), de la récolte passée,
amassés dans de grandes et grosses cruches en terre pourvues d’un
nombril servant à retirer le contenu (ikufan).
Le mois de yennayer est marqué par le retour sur terre des morts porteurs de la force de fécondité. Durant la fête, les femmes kabyles
ne doivent pas porter de ceinture, symbole de fécondité. Celles
transgressant la règle subiraient le sortilège de la stérilité. « Imensi n yennayer » nécessite des préparatifs préalables. Dans les Aures et en Kabylie,
la veille, la maison est méticuleusement nettoyée et embaumée à l’aide
de diverses herbes et branches d’arbres (pin, etc.). Elle ne le sera
plus, durant les trois jours suivants sinon le balai de bruyère,
confectionné pour la circonstance par les femmes lors de leur sortie à
la rencontre du printemps (amagar n tefsut), blesserait les âmes
errantes. On procède au changement des pierres du kanun (inyen n lkanun).
Tous les gestes accomplis pendant la fête se font avec générosité et
abondance. Les participants à la célebration, estiment recevoir, par
leurs actions, la bénédiction des forces invisibles circonscrivant chez
le berbère son univers de croyance.
Les jeux[modifier]
Les masques symbolisent le retour des invisibles sur terre. En
période du mois de yennayer, les enfants en kabylie et dans l'oranie se
déguisaient (chacun confectionne son propre masque) et parcouraient les
ruelles du village. Passant de maison en maison, ils quémandaient des
beignets sfendj ou des feuilletés de semoule cuits lemsemmen
pour qui les gens s’obligent de donner. Par ce geste d’offrande, le
berbère de Kabylie tisse, avec les forces invisibles, un contrat
d’alliance qui place la nouvelle année sous d’heureux auspices.
Ce rite, comme celui de la première coupe de cheveux du nouveau né,
est transposé à l’Achoura et repris lors de la période des labours. Le
paysan distribuait d’humbles offrandes aux passants croisés sur son
chemin et déposa de petites quantités de nourritures dans des lieux
saints, en se rendant dans ses champs. Amenzu n yennayer marqua toutes les régions berbérophones par des jeux liés aux morts de retour sur terre : carnaval de Tlemcen, jeux de taγisit (os) des femmes de Ghadamès, ...
Le mythe de la vieille[modifier]
Dans l’univers culturel berbère, un drame mythique marqua, de sa
forte empreinte, yennayer. Des histoires légendaires sont différemment
contées au sujet d’une vieille femme. Chaque contrée et localité ont
leur version. Les Kabyles disaient qu’une vieille femme, croyant l’hiver
passé, sortit un jour de soleil dans les champs et se moquait de lui.
Yennayer mécontent emprunta deux jours à furar et déclencha, pour se
venger, un grand orage qui emporta, dans ses énormes flots, la vieille.
Chez les At-Yenni, la femme fut emportée en barattant du lait. Chez les At-Fliq,
il emprunta seulement un jour et déclencha un grand orage qui
transforma la vieille en statue de pierre et emporta sa chèvre. Ce jour
particulier est appelé l’emprunt (Amerdil). Le Kabyle le célébra chaque année par un dîner de crêpes. Le dîner de l’emprunt (Imensi umerdil) fut destiné à éloigner les forces mauvaises.
À Azazga et à Béjaïa (en Algérie), la période de la vieille (timγarin)
duraient sept jours. Le mythe de la vieille exerçait une si grande
frayeur sur le paysan berbère au point que celui-ci est contraint à ne
pas sortir ses animaux durant tout le mois de yennayer. Le pragmatisme a
fait que les jours maléfiques furent adaptés par le Kabyle
à l’organisation hebdomadaire des marchés dans les villages. Cette
répartition du temps de la semaine est encore d’actualité. Chaque
commune de Kabylie
possède son jour de marché. Pour l’esprit rationnel le tabou de ne pas
sortir les animaux s’explique plutôt par l’utilisation de la bête comme
source de chaleur pour la famille durant le mois le plus froid de
l’année. L’architecture intérieure de la maison traditionnelle étaye au
demeurant cette argumentation.
Le mythe de la vieille marqua, d’ouest en est, les régions berbérophones. À Fès (au Maroc),
lors du repas de yennayer, les parents brandissaient la menace de la
vieille si leurs enfants ne mangeaient pas à satiété : « la vieille de
yennayer viendra vous ouvrir le ventre pour le remplir de paille ». À Ghadamès (en Libye), « Imma Meru »
était une vieille femme, laide, redoutée malfaisante. Elle viendra
griffer le ventre des enfants qui ne mangeaient pas des légumes verts
durant la nuit du dernier jour de l’année, disaient les parents. Pour
permettre aux jeunes pousses d’aller à maturité, l’interdit de les
arracher s’applique par « Imma Meru a uriné dessus ». Étant conté
différemment, dans la quasi-totalité des régions berbérophones, le drame
légendaire de la vieille de yennayer a le même support culturel.
Des traditions berbères liées au changement de l’année se retrouvent
dans plusieurs régions d’Afrique, voire du bassin méditerranéen. Elles
s’apparentent parfois à de la superstition néanmoins elles participent à
la socialisation des personnes, harmonisent et renforcent le tissu
culturel. Des peuples d’identités différentes, considèrent les divers
rites de yennayer faisant partie intégrante de leur patrimoine culturel.
Yennayer et ses rites[modifier]
Le vocable yennayer s’apparente au terme latin enneyer (janvier). Il
est le plus utilisé dans l’univers culturel berbère, même si le Kabyle a
tendance à employer parfois « ixf u segwas » (le début de l’année) ou encore « tabburt u segwas ». Les At Waziten (les berbères de Libye) préfèrent « anezwar n u segwas »
(introduction de l’année). Ce mois marque les débuts du solstice
d’hiver. Le soleil entame sa remontée. Les jours encore très froids se
rallongent et instaurent l’espoir d’une meilleure année. Il est
ritualisé d’une manière assez significative.
La célébration de Yennayer s’articule autour de plusieurs symboliques :
Un moment de convivialité familiale[modifier]
Le jour qui précède Yennayer, soit le 12 janvier reste le plus
important. La veille donc de cette fête, le repas est frugal. Le plus
souvent on prépare berkukes, boulettes de farine cuites dans un bouillon léger ou encore Icacmen,
blé en grain préparé au lait ou en sauce. Ailleurs on ne consomme que
du lait ou des légumes secs cuits à l’eau. Le lendemain en revanche, on
partage un repas copieux en signe de prospérité, composé des éléments
suivants :
- gâteaux/galettes : lesfenj (des beignets), tiγrifin (crêpes),
- plat des « sept légumes » fait uniquement de plantes vertes ;
- viande (volaille, chevreaux ou moutons).
- friandises (fruits secs comme figues sèches, amandes, noisettes, dattes..).
Dans certaines régions d'Algérie (Oran) ou du Maroc (Berkane chez les
Iznassen), on évite de manger des aliments épicés ou amers pour se
préserver d’une mauvaise année. Le repas de Yennayer est conditionné par
les récoltes selon les régions mais aussi par les moyens des uns et des
autres. Les aliments servis vont symboliser la richesse, la fertilité
ou l'abondance. Il est ainsi des irecman (bouillie de blé et de fèves)
ou le cœur du palmier chez les Beni-Hawa : pas question de rater le
repas de bénédiction qu'est celui de Yennayer !
Une occasion de se souhaiter des vœux de prospérité[modifier]
Yennayer symbolise la longévité, et c’est souvent l’occasion d’y associer des événements familiaux :
- première coupe de cheveux aux petits garçons. Dans certaines régions
berbérophones, on dit que l'enfant est comme un arbre, une fois
débarrassé des mauvaises influences, il poussera plus fort et plus
énergiquement (c’est d’ailleurs à cette période qu’on opère la taille de
certains arbres fruitiers) ; - le mariage sous le bon présage de Yennayer. Les petites filles s'amusent à marier leurs poupées (pratique qui rappelle tislit n wenZar) ;
- rites d’initiation agricoles : on envoie les enfants aux champs afin de cueillir eux-mêmes fruits et légumes.
Marquer le changement de saison[modifier]
Cette saison correspond à l'approche de la rupture des provisions gardées pour l'hiver.
Croyances et superstitions[modifier]
Ainsi, pour espérer une nouvelle année plus prospère, Yennayer est
marqué par quelques opérations de purification. Dans l’anti-Atlas par
exemple, au petit jour de Yennayer, la maîtresse de maison nettoie
toutes les recoins de la maison, en y saupoudrant ibsis (mélange de
farine, huile et sel). Elle balaie ensuite toutes les pièces pour
«chasser» tamγart n gar aseggwas («l'épouse de la mauvaise année») qui n'est autre que tamara la «misère» (mot à éviter ce jour-là).
Le sacrifice d'un animal, Asfel (mot kabyle) est de rigueur,
symbolisant l'expulsion des forces et des esprits maléfiques mais aussi
marquant ses vertus prophylactiques. On prie alors les forces divines
pour assurer une saison culturale féconde. Au cours de la fête
d’Ennayer, on fait intervenir des personnages telle teryel (tamZa, ogresse en rifain) ou aâdjouzet Yennayer
(la Vieille de janvier) en arabe. On menace les enfants qui refusent de
manger d’appeler cette dernière qui les éventrera et bourrera leur
ventre de paille….
Après le copieux repas de Yennayer, la maîtresse de maison mettait jadis un peu de nourriture dans le métier à tisser (azzetta), dans la meule domestique (tasirt) et dans le foyer au feu (kanun) pour embaumer de bénédictions ces objets essentiels dans la vie rurale (Aurès, Kabylie et Oranie).
Bibliographie[modifier]
- Encyclopaedia Universalis. France S.A. 1989.
- Paul Couderc. Le calendrier. P.U.F. Que sais-je. no 203
- Jean Servier. Tradition et civilisation berbères. "Les portes de l’année". Éditions du Rocher. août 1985.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire